jeudi 21 novembre 2013

Récit de Jean-Yves

Récit n° 2 de Jean-Yves en Mission à Bangui – Mardi 19 novembre 2013

« Bonsoir Karine (transfère stp à tout le groupe)

J'ai apporté un litre de pétrole (soit 870 FCFA soit 1,3€) ce soir à mes petits orphelins sans argent et la lumière est revenue dans les yeux ;

Cadeau des regards, traverser leur cour dans la boue et les pierres, et rien n'est jamais grave chez eux ; des petites merveilles de vie.

On y croit et on est ensemble.

Alors il faut réveiller un peu excusez-moi "LES OUBLIES DE BANGUI" au moment où malgré la crise en Europe, on prépare des petits Noel…

Il faut savoir que chaque matin hors mis 50kg de riz apportés par une sœur et du lait pour les bébés, ils ne savent pas quoi ni combien ils vont avoir à manger en partant à l'école.

Leur seul cadeau pérenne offert par St Charles et sa directrice qui malgré les 30 millions de droits scolaires qui ne sont pas rentrés n'en abandonnera aucun.

Alors et nous ? Une petite caisse vite fait réunie par les membres des "oubliés de Bangui", donnerait du luxe ici ; 100 € en attendant le transport de vos vêtements et autres qui mettra du temps, vous soulagez des corps et des cœurs d'enfants.

Les 130 € versés ont suffi déjà à réparer 5 chasses d'eau, remettre en marche un wc et réparer 3 douches, l'artisan ayant lui-même baissé son prix au max !

Le climat se dégrade ces derniers jours ; un magistrat assassiné chez lui (pour la sentence condamnant un seleka coupable de plusieurs assassinats), suivi d'une révolte du quartier contrée par les selekas qui ont tiré dans la foule blessant 4 personnes mortes des suites de leur blessure ; des observateurs UE sont là et le climat s'alourdit ; 3 SMS de l'ambassade nous interdisant de sortir la nuit ; un membre de l'UE blessé par balle perdue il y a 8 jours évacué sur Libreville… et des récits de pères de retour de Bangassou que je vous épargnerai.

Les selekas et le chef autoproclamé savent qu'ils n'ont plus de ressources et se savent condamnés alors on pille à nouveau avant de repartir vers d'autres proies....

A 18 – 19 h les rues se vident ;

Hier matin des parents musulmans ont retiré leurs enfants à 9 h des écoles ce qui a affolé les autres accourus à leur tour pour retirer les leurs.

On travaille quasi normalement mais les impayés de salaire entrainent les restes de la vie dans l'austérité, la pauvreté et son cortège de méfaits ; au beau milieu du guet, les gens s'activent, protègent les leurs, préparent un exil, sont résignés... La société dans tous ses états quoi !

Chaque petit geste fait des miracles, vous le savez ;

Alors sois celui ou celle, par qui le malheur n'arrive pas, mais par qui, trois fois rien, sauve une détresse....

J'avais remis l'argent de mes cours d'informatique aux sœurs et voilà comment on peut par la chaine de fraternité soulager un grand désespoir et un enfant du pays...
Mes amis on est ensemble et on est si fort.

Je vous embrasse
Jean-Yves »

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